Bruno Colmant

Bruno Colmant

Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Les guerres de demain

19 mars 2017

En juillet 2016, le Pape François a déclaré que le monde perdait la paix. Il a comparé les événements qui affectent les communautés humaines aux deux guerres mondiales. Tous, nous sentons aussi que quelque chose se dilue. Tous, nous ressentons l’épuisement des temps révolus et la sourde crainte de périls que nous croyions enterrés. Ce constat collectif se conjugue avec une résignation individuelle. Mais tous, nous lisons le présent et le futur avec une grille de lecture des drames passés. C’est même pire, comme un de mes amis suggérait récemment : nous croyons échapper aux drames parce que nous contournons les scénarios du passé. Ce même ami me rappelait que l’histoire ne se répète jamais. Elle peut, certes, bégayer, mais elle ne relève d’aucun déterminisme.

Quelle sera la forme des guerres futures ? Il ne faut pas regarder le nazisme, ni le fascisme, malgré leur rappel permanent. Il y aura certainement des guerres lointaines de territoires. Ces dernières seront des tentatives de consolidation territoriale, comme la Russie l’a fait avec la Crimée et la Géorgie. Plus près de nous, les guerres géographiques sont vaines et donc improbables. Depuis la chute du communisme et du maoïsme, les guerres idéologiques sont caduques et les combats énergétiques sont dépassés par les bouleversements technologiques.

Il faut plutôt s’intéresser à la Syrie et à la Yougoslavie. Là, nous avons assisté à des guerres de fractures intra-nationales, c’est-à-dire à des guerres civiles. Et pourquoi cette intuition ? Parce que la chute de la croissance, la hausse des inégalités et tant d’autres facteurs conduisent les hommes à des rapprochements unitaristes linguistiques, culturels et religieux, comme si l’abandon de l’esprit critique personnel à la pensée de la norme permettait de résoudre la complexité du monde. La guerre de demain, c’est donc l’opposition de communautés vivant, encore aujourd’hui, en juxtaposition.

Le risque de nos communautés, c’est la perte du lien social et de la division interne. C’est celui de l’implosion civile qui ne pourrait être contrée que par une oppression autoritaire renforcée qui ne mènerait nulle part.

Bruno Colmant

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