Stefan Duchateau

Stefan Duchateau est conseiller du groupe Argenta en Belgique et président des différentes sociétés d'investissement de ce groupe. Il enseigne la gestion de portefeuille, l'ingénierie financière, la gestion bancaire et financière et la gestion des risques financiers à la KU Leuven (Campus Bruxelles), la sélection de titres, la gestion de portefeuille et les enquêtes à la KU Leuven et les dérivés financiers et la gestion des risques des institutions financières à l'Université Hasselt. Chez Argenta, il se concentre sur la gestion financière et des risques, la politique stratégique et le développement du pilier investissement du groupe banque et assurance. Cela comprend le développement de produits d'investissement et la gestion de fonds d'investissement. Prof. Dr. Stefan Duchateau est ingénieur commercial et titulaire d'un doctorat en économie appliquée.
Stefan Duchateau

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Professeur de gestion des risques/Conseiller auprès de HU Bruxelles et Argenta

Restez surtout bien concentrés

14 mars 2024

La concentration des profits boursiers au niveau d’une poignée d’entreprises s’est amorcée en réalité il y a déjà un siècle. Seules 4 % des sociétés cotées en bourse sont à l’origine de la totalité de la croissance de la capitalisation boursière au fil de toutes ces décennies, et cette tendance ne fait encore que s’accentuer. Si bien qu’aujourd’hui cela commence à prendre des proportions quelque peu indécentes. Depuis le début de l’année, le degré de concentration s’est même accru à un point tel qu’il n’est plus possible de dire de but en blanc si les marchés boursiers ont progressé ou non au cours de cette période. Plus de la moitié des gains du S&P500 depuis le début de l’année 2024, soit 7%, peut en effet être attribuée à deux entreprises, qui ont toutes deux un poids énorme dans cet indice boursier : NVIDA et Meta Platforms. Si l’on ajoute à ce duo Amazon, Microsoft et Broadcom, ces cinq valeurs (1 % du nombre total de sociétés de cet indice) expliquent à elles seules les trois quarts de l’ensemble des gains boursiers. Une resucée survitaminée du scénario de 2023. Les 99 % d’autres entreprises n’y ajoutent que des cacahouètes. Ou, pour le dire autrement : si vous n’avez pas ces cinq grandes entreprises dans votre portefeuille, le début de cette année boursière vous apparaîtra tout à fait différemment. Et le cru 2023 ne vous avait d’ailleurs guère souri non plus. Continuer la lecture…

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Professeur de gestion des risques/Conseiller auprès de HU Bruxelles et Argenta

Escalader le mur de l’inquiétude

27 février 2024

Les tensions géopolitiques s’intensifient. La date prévue pour la première baisse du taux directeur est sans cesse retardée. L’inflation tenace se débat alors qu’elle est entraînée sur une trajectoire descendante. Le taux d’intérêt à long terme cherche à atteindre des niveaux plus bas, mais les banques centrales s’y opposent fermement. La Fed et la BCE se débarrassent rapidement de volumes massifs d’obligations d’État et d’entreprise, ce qui maintient le taux d’intérêt à long terme à un niveau élevé et les prix des obligations à un niveau bas. Mais une vérité boursière bien connue s’est de nouveau imposée à Wall Street : stocks climb the wall of worry (« les actions escaladent le mur de l’inquiétude »). Cette expression renvoie à la forte résilience des marchés boursiers lorsqu’ils sont confrontés à des obstacles et assaillis de revers provisoires. Malgré toute l’agitation et la confusion, l’indice des prix Standard & Poors Composite, largement diversifié, a atteint un nouveau sommet : le 9 février, il a franchi pour la première fois la barre symbolique des 5 000 points. Certes, il a dû partiellement céder le terrain conquis dans les jours qui ont suivi, mais il ne fait guère de doute que cet indice, qui regroupe les 500 plus grandes entreprises américaines, s’établira définitivement au-dessus de 5 000 points dans les mois à venir. Continuer la lecture…

Stefan Duchateau

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Professeur de gestion des risques/Conseiller auprès de HU Bruxelles et Argenta

Relax

07 février 2024

Une baisse très probable des taux d’intérêt directeurs, qui commencerait au cours des mois d’été 2024. La reprise quasi simultanée des attentes conjoncturelles, sur tous les fronts de l’économie américaine. La combinaison de ces deux éléments exerce un attrait irrésistible sur tous ceux qui recherchent un rendement digne de ce nom sur leurs investissements. Vous et moi, donc. Mais seuls les imbéciles foncent sans trop réfléchir. Une nouvelle atténuation des attentes en matière d’inflation justifierait parfaitement une diminution substantielle des taux d’intérêt officiels. Mais ce chemin s’annonce tortueux, parsemé de virages périlleux, de mobilier urbain déchaussé, de traverses aux endroits improbables et de coulées de boue poisseuses. Ces chicanes ralentiront considérablement le rythme de la baisse. Il y a quelques semaines, forts de leur conviction qu’une première réduction des taux directeurs pourrait déjà intervenir en mars 2024, les investisseurs ont cru bon de se lancer dans un rallye de fin d’année. Cela s’est avéré prématuré et, depuis, les investisseurs ont corrigé le tir. Il est vrai que l’inflation de base des prix de détail aux États-Unis s’élève toujours à 3,9 %. Un niveau aussi élevé ne justifie pas une réduction des taux d’intérêt. L’inflation devra encore décélérer de manière significative pour convaincre les banques centrales de desserrer leur étau sur l’économie. Continuer la lecture…

Stefan Duchateau

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Professeur de gestion des risques/Conseiller auprès de HU Bruxelles et Argenta

La vie dont nous rêvions

16 janvier 2024

Avant même que l’orchestre philharmonique de Vienne n’ait joué les dernières notes de la Marche de Radetzky[*1] sous les traditionnels applaudissements, la plupart des prévisions concernant l’année à peine entamée doivent généralement déjà être revues. Il serait vraiment surprenant que 2024 ne comporte pas son lot de rebondissements totalement imprévus, mettant rapidement au rebut la plupart des scénarios. Alors, pourquoi les économistes ressentent-ils à chaque fois le besoin de se ridiculiser en envoyant leurs prévisions élaborées au début de chaque nouvelle année, sachant que tout ce travail sera enterré sous les railleries en un rien de temps ? La raison est simple et l’objectif est utile : il est en effet essentiel de savoir où se situe le consensus sur l’évolution attendue des taux d’intérêt et des bénéfices des entreprises, la situation géopolitique et les prix des matières premières et de l’énergie, afin de savoir ce qui est déjà intégré dans les prix des actions et des obligations. Ce sont les écarts par rapport à ce cas standard qui provoquent des turbulences, des chocs et des fluctuations sur les marchés financiers. Le scénario attendu pour 2024 implique qu’en combinaison avec une reprise soutenue de la croissance au second semestre et une baisse importante des attentes en matière d’inflation, les banques centrales des États-Unis et de la zone euro disposeront d’une marge de manœuvre suffisante pour mettre en œuvre une réduction substantielle des taux directeurs. Continuer la lecture…

Stefan Duchateau

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Professeur de gestion des risques/Conseiller auprès de HU Bruxelles et Argenta

Les temps changent

21 décembre 2023

À chaque fois, nous sommes attendris par cette nouvelle année qui vient frapper à la porte, enthousiaste et optimiste sur ce qui nous attend dans les mois à venir. Pour la voir in fine se traîner une douzaine de mois plus tard, fourbue et exténuée à l’approche de la ligne d’arrivée, non sans avoir engrangé un succès sporadique ou exaucé un vœu ici ou là. Mais cette fois-ci (aussi), ce sera tout différent…[1] C’est pourquoi nous ne perdrons pas notre temps à établir le bilan obligatoire de l’année écoulée. Nous ne tirerions qu’aigreur et contrariété à nous rappeler les politiques irresponsables des banques centrales qui ont joué aveuglément avec notre prospérité en 2023, mais aussi le maintien à un niveau injustifié des prix alimentaires malgré la manifeste décrue des cours des matières premières sur les marchés mondiaux. Mais les temps changent[2]. Nous préférons donc nous projeter en 2024, une année qui promet une première vague de baisse des taux directeurs, associée à une reprise tangible de la croissance économique. Les investisseurs professionnels ont tellement envie de croire à ce scénario que les marchés ont déjà intégré dans les cours des actions rien moins que plusieurs années de croissance ininterrompue des bénéfices des entreprises. Continuer la lecture…

Stefan Duchateau

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Retour en 1967 et c’est une bonne nouvelle

05 décembre 2023

Le mois de novembre se sentait déjà assuré de la victoire et devrait selon toute vraisemblance réaliser une performance qui le fera rentrer dans le cercle restreint des meilleurs mois boursiers de la dernière décennie, notamment en ce qui concerne les indices Fang et Nasdaq. Mais l’indice composite S&P plus général et l’indice boursier MSCI mondialement diversifié sont eux aussi sortis du terrain marécageux dans lequel les marchés boursiers étaient enlisés depuis le début des maudites hausses de taux d’intérêt des banques centrales. La reprise s’était déjà amorcée au début de cette année, mais les pertes subies en 2022 sont seulement en train d’être complètement effacées. La récente accélération a une double cause : d’une part, les résultats des entreprises pour le dernier trimestre se sont avérés (bien) meilleurs que prévu, mais cette bonne surprise n’a pas pu se traduire pleinement par des gains boursiers substantiels en raison des sombres perspectives pour les six mois à venir, lesquelles sont revues à la baisse à cause de la forte augmentation des coûts de financement, qui est extrêmement préjudiciable pour l’activité des entreprises et les dépenses de consommation. Préjudiciable, mais pas nécessairement bloquant. D’autre part, plusieurs indices de prix américains, corrigés ou non des mouvements erratiques des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, ont montré que l’inflation continue indéniablement de ralentir. L’évolution suit exactement la voie que nous avions prévue au début des augmentations brutales de prix. Continuer la lecture…

Stefan Duchateau

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Anges déchus

15 novembre 2023

Désormais, la majorité des entreprises américaines ont publié leurs résultats d’exploitation pour le (tant redouté) troisième trimestre 2023. Dans 81 % (!) des cas, les entreprises de l’indice S&P ont réussi à dépasser les attentes bénéficiaires initiales, et ce jusqu’à 7,1 %. Le trimestre écoulé marque donc une rupture de tendance après une longue série de chiffres négatifs. Ce succès inattendu n’a toutefois pas alimenté un sursaut exubérant des cours des actions. Avec une hausse moyenne de 0,8 %, les entreprises dont les résultats ont surpris n’ont été que très peu récompensées de leur performance (du moins pour l’instant). Les surprises négatives ont été minoritaires et ont provoqué une correction moyenne de -5,2 %, qui est la punition la plus sévère infligée depuis 2011. Mais nous pouvions craindre un pire scénario encore : dans le groupe des entreprises qui ont réussi à battre (confortablement) leurs prévisions bénéficiaires initiales pour le troisième trimestre, certaines ont, par prudence, ajusté à la baisse leurs perspectives de croissance pour le quatrième trimestre de cette année, ce qui a entraîné un châtiment encore plus sévère. Continuer la lecture…

Stefan Duchateau

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Que l’été indien sur les marchés se prolonge encore un peu !

18 octobre 2023

Une lecture superficielle des statistiques de l’emploi publiées par le département américain du Travail du 6 octobre dernier avait fichu, dans un premier temps, une peur bleue à une partie de la communauté financière. Et pour cause : quelques jours plus tôt, le nombre de nouvelles offres d’emploi avait également surpris par son ampleur. Et voilà que le nombre d’emplois créés augmentait lui aussi de manière alarmante, pulvérisant même les prédictions les plus folles. Pour couronner le tout, le chiffre du mois précédent avait également été revu (solidement) à la hausse. Tout le monde s’imaginait donc que la Fed se saisirait de ces chiffres pour rehausser encore d’un cran son taux directeur, jusqu’à ce que l’économie finisse par flancher. Initialement, l’on pensait ainsi que les nouvelles statistiques publiées inspireraient une nouvelle hausse des taux d’intérêt en novembre, plus rapidement donc que les attentes les plus pessimistes, battant en brèche au passage le consensus selon lequel les taux d’intérêt à court terme avaient atteint leur maximum après la dernière hausse du 27 juillet. Continuer la lecture…

Stefan Duchateau

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Professeur de gestion des risques/Conseiller auprès de HU Bruxelles et Argenta

De l’entêtement puissance

01 octobre 2023

On peut reprocher beaucoup de choses aux banques centrales, mais pas leur manque de persévérance. La BCE a récemment relevé à nouveau son taux de base de 25 points de base, alors même que les entreprises européennes grimacent sous le poids d’une forte augmentation de leurs coûts de financement, que les indicateurs conjoncturels continuent de chuter et que les nuages s’amoncellent de plus en plus dans le ciel du monde occidental. En raison, entre autres, d’une nouvelle contraction des possibilités d’exportation vers la Chine, qui n’arrive pas à s’extirper du bourbier économique. En puisant pourtant abondamment dans sa boîte à outils : subventions, baisses de taux d’intérêt et nouveaux assouplissements des conditions de crédit. Une liste impressionnante de mesures, toutes aussi efficaces qu’un emplâtre sur une jambe de bois. L’économie chinoise fait face à la quadrature du cercle en raison de son déclin démographique dramatique. Tout d’abord du fait de son problème d’endettement démesuré, qui n’est qu’exacerbé par la baisse imposée des taux d’intérêt et l’assouplissement des conditions de crédit accordées aux banques. Ensuite, pensez aux entreprises immobilières chancelantes et à ses banques parallèles dans l’ombre, qui opèrent en dehors du contrôle de la banque centrale. Continuer la lecture…

Stefan Duchateau

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Professeur de gestion des risques/Conseiller auprès de HU Bruxelles et Argenta

Poules mouillées ou mous du genou non admis

24 mai 2023
Banque de connaissances

Ces dernières semaines, les attentes concernant les résultats des entreprises réalisés au cours du premier trimestre étaient si faibles que les bonnes surprises sont devenues la règle plutôt que l’exception. En Europe, cette évolution favorable est malheureusement restée dans des proportions modestes, mais aux États-Unis, 78 % des entreprises ont réussi à dépasser leurs attentes, parfois dans des proportions importantes. Continuer la lecture…