Bruno Colmant

Bruno Colmant, enseigne à l'université et est un financier, fiscaliste, auteur et économiste belge. Membre de l'Académie royale de Belgique, il conseille aussi des gouvernements et chefs d'entreprises dans le domaine de l'économie. Il fut également juge consulaire du Tribunal de commerce de Bruxelles. Actuellement, il est président du conseil d’administration de Brederode SA.
Bruno Colmant

Bruno Colmant

Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

En fait, la dette publique, on s’en fout, non ?

21 mai 2024

Il y a quelques jours, dans une pathétique secousse de fin de règne, le Parlement européen a voté un retour aux critères de déficit budgétaire et d’endettement de Maastricht que peu de pays respectent, tandis que la BCE court après son objectif d’inflation de 2 %. Sur le papier, les choses sont donc claires : l’Europe veut une monnaie forte, désinflatée, soutenue par des États rigoureux, très obéissants, et surtout, surtout, qui déconstruisent le modèle social que tant Von Der Leyen que Lagarde, engluées dans leurs amitiés néolibérales, honnissent. Mais, on le sait, tout le monde aimerait vivre dans le pays appelé « théorie », parce qu’au moins, là-bas, ça a l’air de fonctionner. Or, dans la géopolitique monétaire, tous les pays, à commencer par les États-Unis, s’immergent dans un océan de dettes publiques, à tel point qu’un pays vertueux ressemblerait au fort en thème boutonneux que personne n’aimait. À travers leurs abysses de dettes, les États participent à un affaiblissement de leur monnaie. Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Choc monétaire en vue ?

30 avril 2024

Si Donald Trump est élu en novembre, ce ne sera pas une présidence impréparée comme en 2016, mais l’aboutissement d’une minutieuse restructuration des États-Unis. On le sait, la démocratie est complétée par des agences indépendantes censées contenir l’influence politique ou populiste dans des domaines clés, comme l’alimentation, la santé ou la monnaie. C’est ainsi que la plupart des banques centrales sont postulées indépendantes. Elles ne le sont évidemment pas, puisque ces institutions créent la monnaie, qui fut justement qualifiée de « fait social total » par le sociologue Mauss. Leurs interventions s’insèrent donc dans une articulation socio-politique globale. Dans ce cadre, la presse américaine distille aujourd’hui l’idée (que j’exprime depuis un an…) que l’intention des Républicains est de dépouiller la Réserve Fédérale de son indépendance et de permettre à la Maison Blanche de fixer les taux d’intérêt, et donc évidemment la gestion du bilan de cette même Réserve Fédérale. Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

La démocratie belge est silencieusement tuée par une particratie consulaire

28 mars 2024
Banque de connaissances

Les prochaines élections fédérales belges sont cruciales : elles vont définir le projet socio-économique du pays pour une génération, dans un contexte de multiples basculements (guerres, environnement, IA). Face à ces enjeux, certains partis se sont reformés par une ouverture à la société civile de qualité, d’autres conservent leur socle idéologique, et un autre en a fait un produit de marketing, mais c’est un autre débat. Ce qui m’interpelle, c’est que, chaque jour un peu plus, le pays n’est plus gouverné selon sa constitution. Une particratie s’est mise en place afin de diluer le parlement, mais aussi le gouvernement, dont les membres ont, pour la plupart, perdu toute autonomie décisionnelle. Est-ce souhaitable ? Non. Et c’est même dangereux. Cela signifie qu’une technocratie s’est substituée à la démocratie. C’est d’ailleurs cette dernière qui a contribué à façonner un « cordon sanitaire », ce qui conduit à dire qu’un tiers des électeurs du pays exprimeront un vote non grata, alors que c’est au Parlement que le débat citoyen doit se dérouler, et pas ailleurs. Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Annuler la dette publique ? C’est inutile

15 février 2024

Annuler la dette publique et la monnaie sont des attributs régaliens qui, sans jeu de mots, constituent les deux faces d’une même médaille. La dette publique est émise par les États, tandis que la masse monétaire de base, qualifiée de monnaie « banques centrales », est émise par ces dernières. C’est tellement vrai que pendant une décennie, les États ont monétisé leur dette publique, c’est-à-dire qu’ils l’ont (indirectement) vendue à leur banque centrale en échange d’une émission de monnaie. Il s’agit essentiellement d’un échange de promesses de papiers : la dette publique monétisée, qui constitue un passif dans le bilan des États, se transforme en un actif dans le bilan des banques centrales, dont le passif correspond à une autre promesse sur papier, à savoir de la monnaie. En simplifiant grandement, cette situation conduit à encastrer la monnaie à la dette publique. Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Trois crises majeures nous attendent

07 octobre 2023

Il y a 15 ans, lors de l’effondrement bancaire et boursier, je dirigeais la Bourse de Bruxelles. Ce choc m’a tellement sidéré que j’ai fait une suppression de souvenirs. Mais, en même temps, pour mettre mes idées en place, j’avais publié un essai intitulé « 2008 : l’année du krach », à la suite de la chute de Lehman Brothers. La rupture m’avait semblé abyssale et j’en garde le sentiment d’une année charnière. Dans cet écrit, l’importance du phénomène m’avait saisi par son ampleur. J’écrivais : « Cette crise est trop soudaine et profonde pour être un accident conjoncturel. Elle présente un aspect structurel, presque référentiel, dont il faut prendre la mesure. C’est une immersion brutale dans les réalités de l’économie de marché. Alors, que préfigure le krach de l’année 2008 ? Est-il un signe annonciateur ou un événement isolé ? Quels sont les nouveaux paradigmes ? La mutation vers une société de la connaissance et de l’immatériel ? La distribution mondiale des richesses suite à la mondialisation ? Les défis démographiques ? Alimentaires ? Écologiques ? ». Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Vers un même montant de pension pour tous les Belges

27 septembre 2023

Le problème du financement des pensions lui-même dépasse de loin les calculs actuariels et budgétaires. En effet, on parle de solidarité intergénérationnelle (les actifs cotisent pour ceux qui les ont précédés dans la construction et la prospérité du pays), mais aussi intragénérationnelle, c’est-à-dire au sein d’une même génération. Et ce dernier aspect est souvent, et à tort, négligé. En effet, on ne peut pas dissocier l’harmonie sociale et la redistribution au sein d’une même classe d’âge. C’est pour cela que je crois que les changements structurels, que je livre à la critique, devraient être apportés : Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

La dette américaine et l’ombre des BRICS : vers l’implosion et un nouvel ordre mondial ?

05 septembre 2023
Banque de connaissances

Au risque de saturer (et de présenter mes excuses auprès de) mes lecteurs avec des textes qui relèvent de la même veine, je voudrais revenir sur cette évolution géopolitique des BRICS et des fragilités américaines. Je résume lapidairement les choses. Des pays se regroupent, certes de manière souple et aux aboutissements incertains, pour établir une nouvelle polarité mondiale : les BRICS étendus. On parle de 3,2 milliards d’individus et de 6 des 9 principaux producteurs de pétrole (les 3 autres étant les États-Unis, le Canada et l’Irak). Ces pays envisagent (et, à nouveau, c’est un lointain projet) de réformer le système monétaire sur d’autres bases, à savoir des référents fondés sur le pétrole et l’or. Cette idée de l’étalon-or, tel que nous l’avons connu dans le monde occidental entre 1944 et 1971, a, à plusieurs reprises, été soulevée par des responsables chinois. Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Le dollar, les BRICS et le monde que nous ne voyons pas pivoter (à notre détriment)

29 août 2023

L’annonce d’accords renforcés entre les pays du BRICS (acronyme pour Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et de son extension à six autres pays, dont l’Iran et l’Arabie Saoudite, est un fait géopolitique majeur. Bien sûr, on peut minimiser et se draper dans la supériorité du modèle occidental. On peut aussi légitimement s’interroger sur le projet d’union monétaire entre des pays très hétérogènes. Voici mes intuitions : Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Une interrogation

21 août 2023

Au risque d’alarmer des passions, l’ancien Président français Nicolas Sarkozy a suggéré, au sujet de la Crimée, annexée en 2014 par la Russie, ce qui constitue, à ses yeux, une violation évidente du droit international, qu’il devrait y avoir un référendum incontestable pour entériner l’état de fait actuel. Aux yeux de Nicolas Sarkozy, le référendum encadré par la communauté internationale est la seule solution viable pour résoudre de façon définitive et transparente ces questions territoriales, y compris pour les territoires annexés à l’est et au sud de l’Ukraine. Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Et si l’inflation maîtrisée était nécessaire ?

03 juillet 2023
Banque de connaissances

Quelles sont les fonctions d’une banque centrale ? Il s’agit bien sûr d’incarner la crédibilité monétaire puisque la monnaie n’est plus garantie par autre chose qu’un attribut de confiance. Mais il y a d’autres fonctions essentielles : le contrôle de la politique monétaire, l’émission de la monnaie, la surveillance et la régulation du système financier, la gestion des paiements et du système de règlement, etc. Continuer la lecture…