Bruno Colmant

Bruno Colmant

Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Choc monétaire en vue ?

30 avril 2024

Si Donald Trump est élu en novembre, ce ne sera pas une présidence impréparée comme en 2016, mais l’aboutissement d’une minutieuse restructuration des États-Unis. On le sait, la démocratie est complétée par des agences indépendantes censées contenir l’influence politique ou populiste dans des domaines clés, comme l’alimentation, la santé ou la monnaie. C’est ainsi que la plupart des banques centrales sont postulées indépendantes. Elles ne le sont évidemment pas, puisque ces institutions créent la monnaie, qui fut justement qualifiée de « fait social total » par le sociologue Mauss. Leurs interventions s’insèrent donc dans une articulation socio-politique globale. Dans ce cadre, la presse américaine distille aujourd’hui l’idée (que j’exprime depuis un an…) que l’intention des Républicains est de dépouiller la Réserve Fédérale de son indépendance et de permettre à la Maison Blanche de fixer les taux d’intérêt, et donc évidemment la gestion du bilan de cette même Réserve Fédérale.

Quelle est l’intention ? Un dollar ultra-faible et, à un horizon à déterminer, un défaut sur la dette publique américaine dans un contexte d’inflation mondiale. Ce ne sera pas Weimar, mais les années 70. Nous pourrions donc assister à une dislocation systémique puisque le dollar fonde le système monétaire.

J’ai du mal à imaginer les conséquences autrement que par l’inflation, et tous les chocs socio-politiques qui y seraient associés. Si j’étais un dirigeant de banque, je m’intéresserais sérieusement à cet événement extrême, ce fameux « black swan ». Je dirigeais la bourse belge en 2008 : tout allait bien, puis tout s’effondra, en contradiction complète avec les modèles de risques.

Parce que le vrai risque, c’est celui auquel on ne s’attend pas.

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