Bruno Colmant

Bruno Colmant, enseigne à l'université et est un financier, fiscaliste, auteur et économiste belge. Membre de l'Académie royale de Belgique, il conseille aussi des gouvernements et chefs d'entreprises dans le domaine de l'économie. Il fut également juge consulaire du Tribunal de commerce de Bruxelles. Actuellement, il est président du conseil d’administration de Brederode SA.

Les nouveaux cauchemars de la BCE !

28 août 2017

Bruno Colmant
Alors que les grands argentiers de notre monde se réunissent à Jackson Hole (le trou de Jackson, qui était apparemment un trappeur de castors) dans le Wyoming, nous assistons à l’impuissance des européens en matière monétaire. En effet, après des années d’attentisme et de rigueur budgétaire et monétaire, défendue avec force par Mario Draghi…à Jackson Hole en 2013 et 2014, les autorités monétaires européennes (BCE) décidèrent de faire tourner la planche à billets pour relancer l’inflation. Ce fut un échec puisque le taux d’inflation oscille toujours autour d’un pourcent, soit la moitié de ce qui est souhaitable. C’est incidemment l’illustration que d’autres forces, comme le vieillissement de la population, contrarient cette inflation. Ceci étant, nous avons évité la déflation, dont les risques furent très tardivement avoués par la BCE.
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Bruno Colmant

Bruno Colmant

Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Il faudra deux générations pour stabiliser l’euro !

13 août 2017

L’euro est une réussite politique incontestable. Sa réalité financière s’est imposée jusqu’à hisser cette jeune monnaie parmi les cinq devises de réserve du FMI. Pourtant, les disparités économiques entre les différents Etats associés restent persistantes. Nombreux sont ceux qui s’intéressent aux incontestables différentiels de dettes publiques. Mais il y a un autre indicateur, dont l’importance est dissoute parce que nous avons justement adopté une monnaie unique, c’est le différentiel des balances des payements (c’est-à-dire la différence entre les exportations et les importations). Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Devenons-nous de simples statistiques ?

02 juillet 2017

Progressivement, de manière indicible, nous devenons des paramètres soumis à la mécanique d’algorithmes qui nous encerclent inéluctablement. Nous mutons en pouvoirs d’achat, paramètres électoraux et statistiques. C’est une douce et séduisante dictature qui s’appelle le progrès et que Jules Verne avait très bien décrite dans son « Paris au 20ème siècle ». Progressivement, Nous abandonnons nos pensées, nos intranquillités et nos révoltes à des messages informatiques qui alignent, soigneusement et paisiblement, nos pensées. Est-ce 1984 d’Orwell. Ou déjà 2084 ? Nous verrons.  Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Les fantasmes de l’hyper-inflation allemande

04 juin 2017

Les crises financières sont souvent utilisées pour alimenter des mythes et convoyer un message politique qui alimente sa propre dynamique. C’est ainsi que l’hyperinflation de 1923, conséquence tragique de la myopie du Traité de Versailles de 1919, continue à être instrumentalisée pour expliquer la peur de l’inflation allemande. Ce mythe est entretenu dans une logique protestante de l’ordolibéralisme allemand qui consiste à aligner l’économie sur une amélioration permanente des exigences de productivité malgré une devise qui se réévalue. Et pourtant, le vrai drame allemand est le délire hitlérien. Et si celui-ci trouve peut-être quelques origines dans l’hyperinflation de Weimar (après tout, Mein Kampf a été écrit en 1924 et 1925), c’est l’hyper-déflation du chancelier Brüning qui a probablement déclenché l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Le monde rajeunit

01 mai 2017

Avec presque vingt ans de retard, le deuxième millénaire est abouti.Ces dernières années sont une charnière qui grince lourdement en refermant un monde délimité, émanant de la stabilisation géographique de l’après-guerre. Certes, depuis la guerre, des régimes ont changé, des empires ont explosé et des mutations économiques gigantesques ont enseveli des régimes anciens. L’humanité connait une accélération technologique stupéfiante au rythme de l’accroissement de sa population, sans être capable de gérer la finitude des ressources et l’accumulation inconséquence d’un passif environnemental. Des maladies ont été éradiquées et l’espérance de a été déployée dans de nombreux pays. Dans de nombreuses régions, les bienfaits du progrès se déposent afin que la vie s’épanouisse avec plus de bonheur, même si des pans entiers de l’humanité sont abandonnés à un triste sort. Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Euro et dettes publiques font mauvais ménage…

02 avril 2017

La question n’est donc plus de savoir si les Etats de la zone euro sont en défaut : la plupart le sont sociétalement dans la mesure où le poids des dettes publiques n’est plus transposable dans le futur. Car ce n’est pas la dette, en tant que telle, qui importe, mais sa cohérence avec la prospérité et les revenus futurs. Or la dette publique ne bénéficie plus en rien aux générations futures, alors que le remboursement est mis à leur charge. Cette dette ne finance d’ailleurs plus des investissements mais des transferts. Au surplus, comment expliquer qu’une crise de l’endettement se règle à coups de rigueur budgétaire et de chômage, c’est-à-dire au détriment de ceux qui devront la rembourser ? Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Les guerres de demain

19 mars 2017

En juillet 2016, le Pape François a déclaré que le monde perdait la paix. Il a comparé les événements qui affectent les communautés humaines aux deux guerres mondiales. Tous, nous sentons aussi que quelque chose se dilue. Tous, nous ressentons l’épuisement des temps révolus et la sourde crainte de périls que nous croyions enterrés. Ce constat collectif se conjugue avec une résignation individuelle. Mais tous, nous lisons le présent et le futur avec une grille de lecture des drames passés. C’est même pire, comme un de mes amis suggérait récemment : nous croyons échapper aux drames parce que nous contournons les scénarios du passé. Ce même ami me rappelait que l’histoire ne se répète jamais. Elle peut, certes, bégayer, mais elle ne relève d’aucun déterminisme. Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Taxation du capital : je persiste

04 mars 2017

Qu’est-ce qu’un capital ? C’est la valeur actualisée, c’est-à-dire ramenée en euros d’aujourd’hui, de ses flux futurs. Si un capital ne génère, à l’infini, aucun flux financier, ne fut-ce que par sa cession, il ne vaut rien. Un capital est donc toujours l’expression, à la fois, d’un travail passé et de revenus futurs. Bien sûr, certains capitaux semblent augmenter tous seuls, comme des indices boursiers ou des actions. Mais c’est un leurre : l’expression du capital augmente si ses revenus futurs augmentent ou si le prix du temps (avant de recueillir ces mêmes revenus) diminue ((situation constatée avec les taux d’intérêt faibles ou négatifs). Continuer la lecture…

Bruno Colmant

Bruno Colmant

Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Un monde se dérobe

28 janvier 2017

Depuis quelques semaines, d’invraisemblables bouleversements géopolitiques se précisent. Les Etats-Unis recentrent leur projet de société sur une prospérité domestique, l’Europe voit le Royaume-Uni la quitter tandis que des pays périphériques s’en écartent, le Moyen-Orient dance sur un volcan tandis que la terreur ou la dictature s’abattent sur certains pays. La Chine s’arme tandis que l’Asie se recompose en termes d’alliances. Au sein de l’hémisphère nord, le modèle social-démocrate et politiquement tempéré laisse la place, de manière graduelle, à des extrêmes dont on ne voit pas l’aboutissement. Un monde se dérobe sous les pieds d’une classe politique pétrifiée et engluée dans des rentes d’idées révolues. Tout se passe comme si les messages politiques traditionnels ressemblaient à une monnaie qui n’a plus cours. Continuer la lecture…

Bruno Colmant

Bruno Colmant

Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Un tax shift à l’impôt des sociétés

17 janvier 2017

Le tax shift est un mouvement giratoire consiste à diminuer le coût salarial global au travers d’une baisse des cotisations sociales et d’une revalorisation des bas salaires nets. Le point d’arrivée de ces mesures est donc une amélioration de la compétitivité. Le financement de ces mesures ressortit, quant à lui, plutôt à un assemblage de mesures diverses qu’à une empreinte décisive. Il s’agit de prélèvements accrus sur la consommation et, dans une moindre mesure, sur les revenus du capital. On remarque incidemment que contrairement à une re-globalisation des revenus, qui était la philosophie fiscale de 1962, c’est désormais un « dual tax system » qui s’impose, c’est-à-dire un système de taxation progressive pour les revenus professionnels et de taxation proportionnel pour les autres revenus (mobiliers, immobiliers et divers) d’une personne physique. Comment poursuivre ce tax shift à l’impôt des sociétés ? Continuer la lecture…