Criminalité économique au Luxembourg : le risque de l’inconnu…

07 avril 2016

Les organisations luxembourgeoises sont de plus en plus victimes de crimes économiques, c’est ce que révèlent les résultats présentés par PwC Luxembourg dans le cadre de l’étude Global Economic Crime Survey 2016. Michael Weis, Associé et Financial Crime and Forensic Services Leader, entouré de Daniel Thelesklaf, Président de MONEYVAL (Conseil de l’Europe) et Directeur de la Cellule de renseignement financier du Liechtenstein, ont levé le voile sur les types de crimes économiques les plus courants ainsi que les principaux secteurs à risque.
Selon les résultats de l’étude dirigée par PwC Luxembourg, 42 % des organisations du Grand-Duché interrogées (contre 36 % à l’échelle mondiale) ont été victimes de crimes économiques au cours des deux dernières années. Un résultat supérieur à la moyenne mondiale très certainement lié à la représentation de l’industrie financière dans le panel de l’étude luxembourgeoise (62% des répondants en sont issus), le secteur financier étant toujours très fortement exposé aux risques de criminalité économique. « Cependant, les résultats mondiaux montrent que les autres secteurs d’activité sont eux aussi les victimes de criminalité économique, il y a peu de raisons de croire que les entreprises au Luxembourg seraient moins exposées » signale en préambule Michael Weis.
Une criminalité économique qui induit un impact financier non négligeable puisque 22% des répondants à l’enquête globale indiquent avoir subi dans les 24 derniers mois des pertes financières allant de 100 000 à 1 million de dollars. Pour 14%, ce montant excède le million de dollars.
Cybercriminalité et blanchiment d’argent dans le top 5 de la criminalité économique au Luxembourg
Selon l’étude, la cybercriminalité (57%) et le blanchiment d’argent (39%) sont les deux menaces qui impacteront le plus le marché luxembourgeois dans le futur. Si le blanchiment d’argent fait l’objet d’une attention particulière, y compris d’un point de vue réglementaire très poussé au Luxembourg, la prise de conscience du risque cybercriminel apparaît, quant à elle, moins flagrante. La liste des risques pour lesquels les organisations devront se préparer dans le futur est complétée par l’espionnage intellectuel (27%), le détournement d’actifs (23%) et le délit d’initié (20%). Dans les deux prochaines années, six pays membres du G20 estiment que la cybercriminalité représentera la plus grande menace liée au crime économique.
Une fraude qui vient souvent de l’intérieur
La plus grande menace à l’échelle mondiale demeure l’interne. « 46% des crimes économiques sont commis en interne selon l’étude mondiale. Il n’est pas tant question pour ces fraudeurs de connaître le fonctionnement de l’entreprise et donc ses faiblesses à exploiter que d’opportunités à saisir. Les contrôles devraient être plus suffisamment puissants pour prévenir la fraude » indique Michael Weis.
A noter également, les acteurs interrogés dans l’étude luxembourgeoise ne s’expriment que sur les menaces extérieures, révélant par ailleurs que 17% des répondants n’ont jamais procédé à une évaluation de risque de fraudes sophistiquées, seuls 38% le font annuellement. « Une grande majorité des entreprises interrogées favorisent la mise en place d’environnements de contrôle dans le but de réduire cette possibilité, mais nos premiers résultats montrent qu’ils sont 7% moins efficaces dans la détection et la prévention de la criminalité économique qu’il y a deux ans », relève Michael Weis.
Lutte contre le blanchiment d’argent : des coûts et une réglementation à la hausse
Le blanchiment d’argent et le financement d’organisations terroristes font partie des priorités des gouvernements dans la lutte contre le terrorisme à travers le monde. Les dernières séries d’attaques terroristes vont intensifier ces actions. « Notre enquête a été menée principalement avant les événements de Paris en novembre dernier, cela aura certainement une influence sur les résultats obtenus lors d’une prochaine étude » indique Michael Weis. Des propos appuyés par Daniel Thelesklaf confirmant « qu’à l’avenir les questions liées aux financements du terrorisme vont devenir centrales, accélérant les initiatives réglementaires internationales».
En 2017, les dépenses mondiales liées à la conformité réglementaire dans la lutte contre le blanchiment d’argent sont appelées à croître et à dépasser les 8 milliards de dollars. Un impact qui n’affectera pas seulement les institutions financières puisque la réglementation concernera en effet chaque intermédiaire de la transaction financière, incluant les entreprises de services bancaires sans monétisation comme par exemple celles de paiements mobiles, ou une partie de l’activité de l’assurance.
Par ailleurs, parmi les enjeux principaux en matière de blanchiment d’argent les répondants luxembourgeois notent que les exigences réglementaires multi juridictionnelles ouvrent la porte à des risques. En qualité de centre mondial de gestion d’actifs, le Luxembourg traite avec différents pays dont certaines exigences diffèrent. Il en va ainsi de la distribution transfrontalière de fonds (25%) et des nombreux changements liés à la 4e directive européenne anti blanchiment (29%).
Cybercriminalité : une menace sans limites
Selon l’étude publiée, s’il est tout à fait remarquable que plus de la moitié (52%) des répondants du focus luxembourgeois déclare avoir été victime d’une cyberattaque au cours des 24 derniers mois (contre 32% au niveau global), il est plus intéressant encore de remarquer que 24% des personnes interrogées n’ont pas connaissance d’attaques cybercriminelles contre leurs organisations. « La question est de savoir si leur jugement est assez solide. Ont-ils les bons processus internes ou les outils en place pour être aussi affirmatifs ? Cette inconscience du risque encouru n’est pas seulement vraie concernant la cybercriminalité, mais de manière générale dans tous les domaines de la criminalité économique. Si une organisation n’a pas d’outils robustes de détection et de contrôle, elle pourrait déjà être une victime sans le savoir…» conclut Michael Weiss.
Source : PwC

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