Bruno Colmant

Bruno Colmant

Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Impressions sur les restructurations bancaires

08 octobre 2016

Les banques de détail (c’est-à-dire les banques à larges réseaux) ne sont pas dans une situation rayonnante. Les bilans sont lourds, le circuit monétaire est visqueux, les taux d’intérêts sont bas, voire négatifs, et érodent la rentabilité, tandis que la digitalisation, couplée à l’automaticité des transactions, remplace progressivement le service humain. Ces banques de détail sont donc incontestablement en restructuration larvée, sans compter les risques systémiques qui les affectent. En effet, si les banques sont en meilleure santé, certaines institutions sont fragilisées, avec de potentiels effets de contamination. Je pense, par exemple, à Deutsche Bank et à certaines banques italiennes, désormais privées d’un secours étatique.

Mais, en même temps, ce sont les contribuables qui ont sauvé ces banques, qui seraient toutes tombées en faillite sans des nationalisations (Dexia, Belfius), des aides d’Etat (ING), des portages d’actions (Fortis) et des prêts massifs (KBC) et autres fond de garantie des dépôts. Bien sûr, on pourra argumenter que ce n’est pas l’Etat belge qui a dû aider toutes les banques belges. Mais ce n’est évidemment pas la question : il fallait que tous les Etats aident toutes les banques, et donc leurs filiales, puisque le risque de 2008 était systémique.

Aujourd’hui, des restructurations sont sans doute nécessaires, mais il reste stupéfiant que ces dernières soient, entre autres, causées par la BCE qui impose des conditions monétaires artificielles, tout en se dédouanant d’affecter la rentabilité bancaire et d’avoir même le cynisme d’avancer que les banques doivent se regrouper. Des esprits insolents pourraient certes argumenter que les circonstances monétaires constituent le choc exogène qui déclenche les restructurations qui auraient sans doute dû être mises en œuvre à un certain moment. Il n’empêche que la BCE porte une lourde responsabilité dans l’amertume du contexte bancaire.

Par ailleurs, il convient de se rappeler que si des restructurations de personnel sont mises en œuvre, c’est grâce à ce même personnel que les banques ont pu restaurer la confiance en 2008 et progressivement initier leur clients aux outils digitaux, dont il est aujourd’hui la victime.

Bruno Colmant

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