Bruno Colmant

Bruno Colmant

Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Le « Perma QE » : un assouplissement monétaire infini ?

24 octobre 2015

On le sait : l’éternité, c’est long, surtout vers la fin, comme l’avait supputé le regretté Pierre Desproges. En économie aussi, la création monétaire infinie, c’est dangereux…surtout quand on n’en voit pas la fin. Depuis des mois, les principales banques centrales augmentent l’offre de monnaie, en réescomptant des dettes publiques, et parfois privées.

Ce réescompte injecte de l’argent qui n’est pas la contrepartie d’une épargne préalablement constituée. La question se pose de savoir que faire si la croissance n’est pas, à terme, stimulée par cet afflux de monnaie ? L’assouplissement quantitatif, ou quantitative easing (restitué par l’acronyme QE), selon sa traduction anglaise, ne va-t-il pas devenir un assouplissement monétaire permanent, ou « Perma QE » ?

En effet, si les autorités monétaires mettent fin prématurément à cette création monétaire, il en résulterait un choc déflationniste lié à une augmentation immédiate des taux d’intérêt, que nos Etats endettés ne peuvent incidemment pas se permettre.

Mais si le « Perma QE » s’installe, il en résultera une hausse d’inflation, qui va, elle aussi, entraîner une augmentation des taux d’intérêt, certes absorbable par les Etats qui pourront continuer à utiliser les services de réescompte des banques centrales au rythme de l’émission de leurs propre emprunts.

Entre inflation et dettes publiques, il faudra choisir le moindre mal. Le scénario idéal serait que les taux d’intérêt restent bas malgré une poussée d’inflation et que l’assouplissement quantitatif se prolonge de manière décroissante en fonction de la reprise de la croissance. Est-ce envisageable ? Oui, avec une dose de répression financière, c’est-à-dire une combinaison de capture volontaire d’épargne et de taux d’intérêt bas.

Et, comme Pierre Desproges le disait aussi : tout dans la vie est une affaire de choix… ça se termine par le chêne ou le sapin.

Bruno Colmant

 

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