Les banques centrales maintiennent le cap dans leur lutte contre l’inflation

27 juin 2023
Banque de connaissances

Les banques centrales sont déterminées à vaincre l’inflation, même si la dernière ligne droite vers la stabilité des prix peut s’avérer la plus difficile. Il existe un risque important de nouvelles tensions financières alors que le système financier s’adapte à des taux d’intérêt plus élevés que ceux qui ont prévalu depuis la grande crise financière de 2008. Les politiques monétaire et budgétaire doivent se maintenir dans une « zone de stabilité » pour préserver la stabilité et la confiance. L’inflation a commencé à diminuer après avoir atteint dans de nombreux pays son niveau le plus élevé depuis plusieurs décennies. Cependant, le travail des banques centrales est loin d’être terminé, a déclaré la Banque des règlements internationaux dans son principal rapport économique. Malgré le resserrement de la politique monétaire le plus intense de mémoire récente, la dernière phase du rétablissement de la stabilité des prix pourrait s’avérer le plus difficile. Selon le Rapport économique annuel 2023 de la BRI, les progrès réalisés jusqu’à présent dans la lutte contre l’inflation doivent beaucoup à la fluidité retrouvée des chaînes d’approvisionnement et à la baisse des prix des matières premières, mais les marchés du travail restent tendus et la croissance des prix dans les services s’est avérée plus difficile à maîtriser. Le risque est grand de voir l’inflation s’installer dans les esprits et les hausses de salaires et de prix se renforcer mutuellement. Les taux d’intérêt pourraient devoir rester élevés plus longtemps que ne le prévoient les ménages et les marchés financiers.

Le rapport analyse les risques posés par la combinaison unique d’une inflation élevée et de risques pour la stabilité financière. Les banques centrales resserrent leur politique dans un contexte d’endettement et de prix des actifs élevés, héritage d’une prise de risque sur les marchés financiers lorsque les taux d’intérêt étaient « bas pour longtemps ». Les faillites bancaires au début de l’année 2023 ont été les exemples les plus frappants de la matérialisation de ces risques, mais ils sont loin d’avoir été les seuls. L’effet de levier caché et les asymétries de liquidités dans le secteur financier non bancaire constituent une autre vulnérabilité.

Si les banques centrales doivent durcir leur politique monétaire davantage ou plus longtemps pour parvenir à la stabilité des prix, le risque de tensions financières augmentera. Le principal défi politique aujourd’hui reste la maîtrise de l’inflation et la dernière ligne droite est généralement la plus difficile à parcourir. Pour beaucoup, l’ajustement requis pour stabiliser l’inflation demande des efforts, mais un ajustement trop lent aujourd’hui pourrait nécessiter encore plus d’efforts à long terme. C’est pourquoi les banques centrales sont déterminées à maintenir le cap pour rétablir la stabilité des prix et protéger le pouvoir d’achat des ménages.

Agustín Carstens, Directeur général de la BRI: « Les politiques budgétaires et prudentielles peuvent contribuer à stabiliser l’économie et le système financier. Les gouvernements devraient réduire leur déficit, ciblant en priorité le soutien aux plus vulnérables, et s’engager dans une consolidation à long terme de leurs dépenses. Cela contribuerait à freiner l’inflation et à maîtriser les risques pour la stabilité financière en réduisant la nécessité pour les banques centrales de maintenir les taux à un niveau plus élevé pendant plus longtemps. »

Les autorités de régulation et de surveillance peuvent déployer toute la gamme des outils dont elles disposent pour renforcer le système financier, ce qui donne aux banques centrales une plus grande marge de manœuvre. Le rapport examine comment la hausse de l’inflation et les vulnérabilités financières signalent que les politiques monétaires et budgétaires s’approchent des limites d’une « zone de stabilité ». Le risque ultime d’une dérive hors de cette zone est de perdre la confiance que la société doit avoir dans le bienfondé des politiques économiques. À plus long terme, des ajustements politiques et des garanties institutionnelles sont nécessaires pour s’assurer que les politiques monétaires et budgétaires restent fermement dans la zone de stabilité.

Claudio Borio, Chef du département monétaire et économique: « Les tensions actuelles sont l’aboutissement de décennies de dépendance vis-à-vis des politiques monétaires et budgétaires comme moteurs de croissance de facto. Pour surmonter cette ‘illusion de la croissance’ et retrouver un dosage cohérent des politiques, il faut changer les mentalités et reconnaître les limites des politiques de stabilisation. »



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