Les conséquences des chocs énergétiques sur la stabilité financière à l’aune de l’épisode de 2022

05 janvier 2024
Banque de connaissances

Claire Brousse, Nicolas Même, Martin Saillard, Arthur Stalla-Bourdillon

Les entreprises énergétiques (producteurs, fournisseurs) sont soumises à des contraintes physiques et financières dont les risques associés peuvent être en partie réduits par recours aux marchés dérivés. Les acteurs financiers, dont les banques, jouent un rôle prépondérant dans le financement de ces activités et sont ainsi directement ou indirectement exposés aux chocs énergétiques. Le présent article décrit les mécanismes à l’œuvre au travers de l’impact du choc de la guerre en Ukraine sur la stabilité financière, dont le maintien est au coeur des missions d’une banque centrale. L’analyse met également en exergue le rôle des chambres de compensation dans la transmission du choc.L’invasion de l’Ukraine par la Russie a provoqué une forte augmentation des prix du gaz et de l’électricité, ainsi que de leur volatilité.

Les premières perturbations des livraisons de gaz russe en Europe fin 2021, puis l’invasion de l’Ukraine en février 2022 (qui a occasionné une réduction marquée des exportations de gaz depuis la Russie à partir de mai/juin) ont eu de fortes conséquences à la hausse sur les prix de gros et sur la volatilité du gaz naturel en Europe (cf. graphique 1a). Compte tenu de l’organisation même du marché européen de l’électricité, le choc inflationniste sur le gaz naturel s’est également propagé aux prix de l’électricité, et a affecté de la même manière leur volatilité (cf. graphique 1b, et plus de détails sur les mécanismes de transmission de ces chocs dans l’article de Baget et al., 2023). Toutefois, après le pic de l’été 2022, les prix du gaz et de l’électricité ont fortement reculé.

Les marchés de dérivés électricité/gaz naturel visent à transférer le risque prix

Pour les acteurs du marché de l’énergie, les marchés dérivés permettent de se prémunir contre le risque de variation future des prix au cours du cycle de production. Leur utilisation des produits financiers dérivés (contrats à terme, futurs, d’échange, et options) varie suivant leur activité économique. Les banques commerciales se positionnent principalement comme intermédiaires, et permettent aux acteurs non financiers et aux fonds d’investissement de participer au marché. Les acteurs non financiers, tels que les producteurs, transformateurs ou distributeurs d’énergie, recourent généralement aux instruments dérivés pour se couvrir contre les variations de prix susceptibles d’affecter leur activité. Les producteurs d’énergie se protègent contre une potentielle baisse des prix tout au long de son acheminement et de sa transformation, tandis que les consommateurs se protègent contre une future hausse des prix avant la livraison. Enfin, certains fonds d’investissement participent au marché des dérivés de matières premières avec des positions spéculatives directionnelles (quant au sens d’évolution escompté pour le prix de l’actif sous jacent).

Les chambres de compensation (CCP, central counterparties) sécurisent les échanges sur le marché des dérivés en intervenant comme intermédiaires entre acheteurs et vendeurs sur les marchés compensés et également sur certaines transactions de gré à gré. Ce rôle central vise à limiter le risque de perte en cas de défaut d’une contrepartie, grâce à des échanges de marges.

Source: Banque de France



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