Les travailleurs âgés et les décisions de retraite en Belgique : analyse basée sur des données d’enquête

23 décembre 2023

En Belgique, diverses réformes ont encouragé des carrières plus longues et tiré vers le haut le taux d’emploi des travailleurs âgés de 55 à 64 ans, de 25 % en 2002 à près de 60 % en 2022. Les seniors sont principalement occupés dans les secteurs de la santé, l’industrie et l’enseignement, et travaillent davantage à temps partiel. Seulement 9 % des nouvelles embauches ont plus de 50 ans. Les variables qui sont liées au départ à la retraite sont principalement celles de l’éligibilité à la pension, c’est-à-dire l’âge et la durée de carrière, mais des facteurs tels que le manque de soutien hiérarchique et la pression liée aux délais et à la charge de travail entament la motivation des travailleurs âgés. En raison du vieillissement de la population, la mise à l’écart des travailleurs âgés et la réduction de la durée des carrières ne sont plus viables économiquement. Face à ce constat, les systèmes de sécurité sociale et de pension des économies avancées ont été progressivement réformés pour encourager les carrières plus longues.

En Belgique, le Pacte de solidarité entre les générations adopté en 2005 a constitué une étape décisive. Suite notamment aux différentes réformes, le taux d’emploi des travailleurs âgés de 55 à 64 ans a considérablement augmenté, passant de 25 % 2002 à près de 60 % en 2022. Cette hausse est observable chez les 55-59 ans et, dans une moindre mesure, également chez les 60-64 ans.

Qui sont ces travailleurs plus âgés ? Ils sont principalement employés dans les secteurs de la santé et l’action sociale, dans l’industrie, le commerce et l’enseignement, et représentent une part importante de l’emploi dans l’agriculture, le secteur financier ou l’administration publique. Ils optent plus fréquemment pour le travail à temps partiel que d’autres groupes d’âge. Cependant, moins de 9 % des personnes nouvellement embauchées ont plus de 50 ans.

Quelles sont les principales raisons derrière un départ (prématuré) du marché du travail ?

Selon les données de l’enquête SHARE (Survey of Health, Ageing and Retirement in Europe), l’âge auquel les travailleurs de plus de 50 ans envisagent de prendre leur retraite a augmenté de 1,5 année entre 2011 et 2019. Une distinction cruciale est observée entre l’intention de quitter prématurément le monde du travail et le départ effectif à la retraite.

En ce qui concerne le départ effectif à la retraite, l’éligibilité à un système de pension demeure le principal moteur. L’âge et la durée de carrière sont ainsi des prédicteurs quasiment mécaniques du départ à la pension. Concernant la volonté de quitter le marché du travail, qui intéresse un tiers des travailleurs de plus de 50 ans dans l’enquête, plusieurs facteurs exercent une influence significative, tant au niveau des caractéristiques des travailleurs que de leurs perceptions. Le contexte professionnel et, en particulier, le manque de soutien de la hiérarchie dans une situation difficile ou la pression liée aux délais et au volume de travail, influencent significativement la volonté de quitter prématurément le marché du travail. Cette volonté est par ailleurs plus marquée en Belgique que dans les autres pays européens.

Si retarder l’accès à la pension légale a permis de stimuler l’emploi des travailleurs plus âgés, cet article souligne aussi le rôle crucial d’un environnement professionnel favorable pour maintenir les travailleurs plus âgés au travail.



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