Trump : de la théorie à la pratique

29 novembre 2016

Donald Trump devient le 45ème Président des États-Unis d’Amérique. Nous ne sommes pas déçus, mais surpris. Mais que reste-t-il une fois le choc initial surmonté ?

Nous aussi, nous aurions préféré composer avec une Présidente Clinton, malgré ses défauts, car elle nous aurait permis de rester dans notre zone de confort. Selon toute vraisemblance, la politique actuelle serait restée peu ou prou la même et les marchés financiers n’en auraient donc guère été affectés. Mais comme l’a si bien déclaré un jour le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück : « Avec des si…». Comment nous l’avions malheureusement anticipé dans notre dernier Commentaire de Marché, Donald Trump a été élu précisément pour les raisons pour lesquelles Hillary Clinton avait apparemment pris fait et cause.

Au cours de sa campagne populiste, il a prôné le changement, l’ouverture d’une voie nouvelle, loin des terrains battus, tout comme Ronald Reagan qui, en 1980, avait remporté les élections haut la main, devenant le 40ème Président. Dans son programme, celui-ci voulait supprimer les Nations Unies, mais il n’est manifestement pas parvenu à ses fins. Le même sort pourrait attendre le Président Trump, qui a clamé haut et fort le démantèlement des accords commerciaux pendant toute sa campagne, affiché ses affinités avec le Ku-Klux-Klan, le suprémacisme blanc(1) et Breitbart News, mais qui, dès son discours d’investiture, a sensiblement adouci ses propos, évoquant la collaboration des nations, et se présentant comme le Président de tous les Américains.

Après la théorie, passons maintenant à la pratique. Donald Trump est l’archétype de l’homme politique populiste(2), un courant actuellement très en vogue dans de nombreux pays. Il a su être à l’écoute des gens et bien qu’il soit milliardaire, leur donner le sentiment d’être Monsieur Tout-le-Monde et de partager leurs préoccupations. Et comme nous l’avions déjà évoqué dans notre dernier Commentaire de Marché, la victoire de Monsieur Trump risque bien de porter au pouvoir les courants populistes déjà puissants lors des prochaines élections en Europe. Nous ne serions pas non plus surpris si le parti d’extrême-droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) devenait la deuxième force politique du pays derrière l’Union chrétienne-démocrate (CDU) lors des prochaines élections au Bundestag. La classe politique s’est manifestement trop éloignée des besoins des électeurs pour pouvoir défendre leurs intérêts de manière crédible. C’est effectivement le fondement de toute démocratie représentative. Mais assez parlé de cela.

Les marchés financiers

Les marchés financiers, sur lesquels nous devons nous concentrer, ont dans un premier temps vivement réagi à la victoire de Donald Trump. Les marchés actions se sont effondrés, le dollar a plongé tandis que les emprunts d’État américains grimpaient en flèche. Après le discours de victoire de Donald Trump, l’opinion s’est inversée quand les investisseurs ont compris que les investissements dans les infrastructures maintes fois évoquées pourraient bien bénéficier aux entreprises et que les baisses d’impôts, si tant est qu’il y en ait, auraient également un impact positif sur les bénéfices des entreprises. Une politique budgétaire expansionniste peut effectivement donner un coup de pouce à la croissance. Toutefois, il est peu vraisemblable qu’aujourd’hui, les Républicains, majoritaires dans les deux Chambres, soutiennent cette politique alors qu’ils sont traditionnellement opposés aux dépenses publiques financées par la dette. Ce serait plutôt le type de mesures prônées par Bernie Sanders. Nous restons donc sur nos gardes.

Difficile à l’heure actuelle d’estimer dans quelle mesure le résultat des élections pourrait influencer la décision de la Réserve fédérale américaine. Nous supposons que sa politique monétaire continuera de refléter les données économiques. Par conséquent, tout laisse à penser que le prochain relèvement des taux directeurs de la Fed aura lieu en décembre.

Guido Barthels, Portfolio Manager, Ethenea Independent, Investors S.A. et Yves Longchamp, Head of Research, Ethenea Independent, Investors (Schweig) AG

(1)Le suprémacisme blanc (en anglais White Supremacy) est une idéologie raciste, fondée sur l’idée de la supériorité des hommes blancs par rapport aux autres humains. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Supr%C3%A9macisme_blanc

(2)Le populisme désigne un type de discours et de courants politiques qui fait appel aux intérêts du « peuple » et prône à son recours, tout particulièrement en opposant ses intérêts avec ceux de « l’élite », qu’il prend pour cible de ses critiques, s’incarnant dans une figure charismatique et soutenu par un parti acquis à ce corpus idéologique. Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Populisme_(politique)

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