Risques et défis du secteur financier belge

14 octobre 2019

En prélude à sa présentation sur sa vision de l’avenir des institutions de crédit et entreprises d’assurance en Belgique, lors du Congrès BZB-Fedafin à Bruxelles, Pierre Wunsch, Gouverneur de la Banque Nationale de Belgique, a passé en revue les principaux facteurs de risques et les principaux défis du secteur financier dont nous livrons ici certains aspects. « Malgré les difficultés liées au contexte macroéconomique, force est de constater que la situation du secteur financier belge s’est fortement améliorée depuis 2008 », souligne entre autres Pierre Wunsch.

« Les principaux facteurs de risques à court terme pour le secteur financier belge et européen sont liés au contexte macroéconomique ». Pour Pierre Wunsch, « les conséquences de l’environnement de taux d’intérêt bas voire négatifs et le ralentissement de la croissance, sur fonds d’incertitudes liées notamment aux tensions commerciales, au Brexit et aux pressions budgétaires dans certains pays, ne doivent pas être sous-estimées. » Et il poursuit : « La période prolongée de taux d’intérêt bas met de plus en plus sous pression la marge d’intermédiation des banques et partant, leur revenu d’intérêt, qui est leur principale source de revenus. C’est donc la profitabilité globale du secteur bancaire qui est sous pression, dans un contexte qui exige des investissements importants, notamment en matière de numérisation. »
Et pour les entreprises d’assurance, « l’environnement de taux bas constitue également un défi, même si celles-ci semblent s’y être bien adaptées à en juger par les niveaux élevés de rentabilité observés au cours des dernières années. L’environnement de taux d’intérêt bas reste cependant un point préoccupant. De manière générale, on observe une augmentation de la concurrence sur certains marchés, ce qui a tendance à amplifier certaines vulnérabilités. »
La recherche de rendement du secteur financier « se matérialise aussi par une augmentation des expositions, tant pour les banques que pour les entreprises d’assurance, envers le marché immobilier, avec pour certaines institutions, un risque de concentration aigu. » Enfin, « le secteur financier belge, et plus particulièrement les entreprises d’assurance, restent aussi exposées à une correction de la tarification du risque sur les marchés financiers. »
Les principaux défis
Si la santé du secteur financier belge s’est améliorée depuis la crise, Pierre Wunsch estime, « qu’il convient de s’assurer que cette situation perdure. Le maintien d’une rentabilité suffisante au sein du secteur financier est à cet égard crucial pour qu’il continue à jouer pleinement son rôle d’intermédiation financière et qu’il puisse faire face à des chocs potentiels. « Certains investissements doivent être effectués de manière impérative, notamment en matière de numérisation et il faut éviter de reporter ces dépenses avec comme seul but de soutenir la profitabilité à très court terme. Il importe aussi que les institutions financières prennent les mesures adéquates pour continuer à dégager des profits suffisants. »
Pour Pierre Wunsch, pour ce faire « différentes stratégies peuvent être envisagées : réalisation d’économies d’échelle grâce à des acquisitions, rationalisation supplémentaires pour réduire les coûts, modèles d’entreprise plus diversifiés et flexibles. Il faut aussi que, malgré l’augmentation de la concurrence, les institutions financières maintiennent des niveaux suffisants de marges d’intérêt pour les banques, et de primes, pour les assureurs. »
Enfin, « la transformation numérique peut faire office de ‘game changer’ dans le monde financier, » indique Pierre Wunsch. « Elle peut offrir des opportunités comme adapter structurellement les processus et l’infrastructure opérationnels – le cas échéant en coopération avec des entreprises FinTech et réduire les coûts ainsi que réaliser des économies d’échelle et/ou mieux répondre aux besoins des clients. » Le Gouverneur de la BNB identifie un dernier défi qui est lié à l’attention croissante apportée au respects des normes en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Il est dans l’intérêt du secteur de tout faire pour répondre aux exigences dans ce domaine.
Source : Momentum (septembre 2019). La transformation numérique peut faire office de « game changer »

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