Talon d’Achille: Un moment de vérité

13 avril 2023
Banque de connaissances

La semaine dernière, les signes de ralentissement se sont multipliés aux Etats-Unis, avec une baisse importante des indices ISM de mars dans l’industrie manufacturière et les services. Selon le rapport Challenger, les embauches ont atteint leur plus bas niveau depuis 2015, tandis que les licenciements continuaient d’augmenter. Alors que les investisseurs tablent de plus en plus sur la fin prochaine du cycle de resserrement monétaire de la Fed, le rapport concernant l’indice des prix à la consommation de mars – attendu demain – constituera un moment de vérité. En effet, le contenu de ce rapport pourrait inciter la Fed à relever une nouvelle fois ses taux, ou à faire une pause. Une pause semble plus probable. 

Les banques américaines se sont détournées du guichet d’escompte de la Fed, utilisé de longue date pour les financements à court terme, pour cibler le Programme de financement à terme des banques (BTFP), créé récemment. Cependant, on observe un recul des volumes d’emprunts d’urgence pour les deux types d’instrument. Parallèlement, les dépôts bancaires ont diminué de USD 65 milliards durant la semaine qui s’est achevée le 29 mars, soit la dixième semaine consécutive de baisse. Mais le rythme des sorties de capitaux a globalement ralenti et – autre bonne nouvelle – les dépôts des petites banques commerciales semblent stabilisés. Les banques américaines donnent cette semaine le coup d’envoi de la saison de publication des résultats du premier trimestre, et les marchés scruteront leur analyse des récents bouleversements du secteur. Jamie Dimon, directeur général de JP Morgan, a déjà déclaré que la crise des dépôts n’était «pas terminée» et que ses effets se feraient sentir plusieurs années.

Le secteur technologique pourrait plomber les bénéfices du premier trimestre, alors que les livraisons de PC ont chuté de 29% au niveau mondial et que les ventes des fabricants asiatiques de puces électroniques pâtissent de la surabondance de semi-conducteurs. Prudents quant aux perspectives de bénéfices, nous conservons un positionnement globalement défensif vis-à-vis des actions. Nous sommes en outre négatifs à l’égard des fonds immobiliers, la capitalisation boursière totale des fonds axés sur l’immobilier commercial ayant fondu à un rythme inédit au cours des deux dernières semaines. Enfin, nous sommes négatifs à l’égard du haut rendement, certains rachats par endettement très médiatisés étant dans l’impasse aux Etats-Unis.

Alors que cette année marque le 75e anniversaire du plan Marshall, les discussions visant la refonte des règles budgétaires de l’UE devraient gagner du terrain. Certains proposent de remplacer la règle unique par une nouvelle version du pacte de stabilité et de croissance permettant à chaque Etat membre de négocier sa propre trajectoire de réduction de la dette avec la Commission. Une telle modification pourrait changer la donne, mais elle se heurte à une forte résistance de la part des Néerlandais et des Allemands, qui réclament des objectifs stricts en matière de réduction de la dette.

Les signes indiquant une accélération du rebond en Chine ont été masqués par le récent déploiement militaire autour de Taïwan et les efforts des dirigeants européens pour renouer le dialogue avec Pékin, dans un contexte de fortes tensions sur la manière de gérer les relations avec la deuxième puissance mondiale. Alors que la Finlande est devenue officiellement le 31e membre de l’OTAN la semaine dernière, le risque d’une récession d’origine géopolitique s’accroît.

César Pérez Ruiz, Chief Investment Officer et responsable des investissements Pictet Wealth Management.



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