L’application populaire « Clubhouse » fait l’objet d’une enquête pour violation du GDPR

22 mars 2021

Basée en Californie, Clubhouse est une application sociale audio sur invitation seulement qui permet aux utilisateurs de participer à des discussions de groupe. L’entreprise se décrit comme un espace de conversations audio informelles, avec des amis et d’autres personnes intéressantes du monde entier, qui permet aux utilisateurs de se connecter à tout moment pour discuter avec les personnes qu’ils suivent. En outre, les utilisateurs peuvent également participer en tant qu’auditeurs et écouter ce dont les autres parlent. Récemment, la licorne des réseaux sociaux a attiré l’attention des autorités européennes de réglementation des données, qui craignent que l’application ne viole les règles de confidentialité.

Saisie d’une plainte, la CNIL a interrogé le 12 mars dernier la société américaine Alpha Exploration CO., Inc., éditrice de l’application « Clubhouse », sur les mesures prises pour respecter le RGPD. La CNIL a ainsi ouvert une instruction et effectué des premières vérifications qui révèlent que cette société n’a aucun établissement dans l’Union européenne.

Dans ces conditions, le mécanisme de « guichet unique » du RGPD ne s’applique pas et la CNIL est, comme chacun de ses homologues européens, compétente pour intervenir. Les autorités européennes communiquent cependant entre elles sur ce dossier, afin d’échanger des informations et d’assurer une application cohérente du RGPD. L’enquête doit permettre de confirmer que le RGPD est applicable à la société et de déterminer s’il est méconnu. S’il était confirmé que l’application éditée par cette société ne respecte pas le RGPD, la CNIL pourra, le cas échéant, faire usage de ses propres pouvoirs répressifs. Par ailleurs, une pétition rassemblant à ce jour plus de 10 000 signatures circule actuellement pour alerter la CNIL sur de possibles atteintes à la vie privée par l’application Clubhouse.

La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), l’autorité française indépendante chargée de la protection des données, a ouvert une enquête sur la société mère de Clubhouse, Alpha Exploration Co, afin de déterminer si l’application est conforme au règlement général sur la protection des données (RGPD) de l’UE. Le GDPR contient des dispositions et des exigences relatives au traitement des données personnelles de tout individu et s’applique à toute entreprise qui traite les informations personnelles d’individus au sein de l’EEE.

Saisie d’une plainte, la CNIL a, le 12 mars dernier, interrogé la société américaine Alpha Exploration CO. sur les mesures prises pour se conformer au GDPR. La CNIL a ainsi ouvert une enquête et procédé à des premières vérifications qui révèlent que cette société ne dispose d’aucun établissement dans l’Union européenne. « Dans ces conditions, le mécanisme de « guichet unique » du GDPR ne s’applique pas et la CNIL est, comme chacun de ses homologues européens, compétente pour intervenir.Toutefois, les autorités européennes communiquent entre elles sur ce sujet, afin d’échanger des informations et d’assurer une application cohérente du GDPR », mentionne-t-elle dans un communiqué.

La CNIL mentionne également que « l’enquête doit confirmer que le GDPR est applicable à l’entreprise et déterminer s’il est ignoré. S’il était confirmé que l’application publiée par cette société ne respecte pas le GDPR, la CNIL pourrait, si nécessaire, utiliser ses propres pouvoirs répressifs. »

Le clubhouse porte atteinte à la vie privée ?

La CNIL a mentionné avoir reçu une pétition de plus de 10 000 signatures afin d’alerter l’agence contre d’éventuelles atteintes à la vie privée par l’appli Clubhouse. Certains ministres français, comme le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari, ont également utilisé cette application pour échanger directement avec le grand public. Toutefois, les autorités européennes communiquent entre elles sur cette question, afin d’échanger des informations et de garantir une application cohérente du GDPR.

Clubhouse est un réseau social 100 % audio, uniquement disponible sur le système d’exploitation IOS sur Iphone. Sortie aux États-Unis en mars 2020, l’application a débarqué en France en 2021. Clubhouse a été développé par deux Américains de la Silicon Valley : Paul Davison et Rohan Seth. Selon le média Presse-citron, l’application avait été téléchargée plus de 8 millions de fois le 16 février. Le fonctionnement est simple : dans Clubhouse, vous rejoignez des salons de discussion classés par thème. Vous pouvez converser comme bon vous semble avec l’ensemble des participants, à condition d’y être invité par le créateur du salon de discussion.

Clubhouse tranche avec la plupart des réseaux sociaux comme Facebook, Twitter ou Instagram par son modèle : le tout audio. Sur cette application, pas de photo, pas de post, pas de hashtag ; seulement des groupes de discussion. Ainsi, par un heureux hasard, vous pouvez vous retrouver dans le même salon de discussion que Mark Zuckerberg, Elon Musk ou d’autres personnalités de toutes les nationalités.

Pourquoi un tel succès ?

Tout se vit donc en direct. C’est une des explications de la popularité grimpante de ce réseau social. Clubhouse s’appuie sur la notion de « fear of missing out », autrement dit : la peur de manquer quelque chose d’important. Car il n’y a aucun enregistrement, aucune sauvegarde. L’autre particularité de Clubhouse est le système d’invitation sur lequel elle repose. Pour pouvoir rejoindre ces conférences virtuelles, il faut y avoir été convié. La sensation d’appartenir à un cercle fermé et d’être privilégié renforce donc l’attachement à l’application. Certains internautes ont ainsi tenté de revendre des invitations contre de coquettes sommes d’argent, comme sur Ebay par exemple. Cela assure également une dimension éthique : car le parrain d’un invité est responsable de son comportement. Si le nouveau venu ne respecte pas les règles imposées par le réseau social, il en sera exclu avec son parrain. Avec ce système d’invitation, Clubhouse s’assure également une croissance exponentielle. Cependant, au vu du succès énorme de l’application, il est possible que ce mode de parrainage disparaisse. Le timing peut également expliquer le succès de l’application. Les confinements respectifs et les restrictions imposées dans la plupart des pays pour lutter contre la pandémie de Covid-19 favorisent le désir de rencontre et d’échange.

Pourquoi cela peut représenter un danger ?

La force de ce réseau social fait également sa faiblesse. La modération représente un enjeu majeur pour Clubhouse. Car il est forcément plus difficile d’empêcher des débordements lorsque ces derniers sont vocaux. À l’inverse de Facebook ou d’autres médias sociaux, qui se basent sur des algorithmes ciblant des mots-clés pour bannir des contenus, Clubhouse doit redoubler de vigilance. L’application mise donc énormément sur le travail des administrateurs des salons de conversation, qui peuvent couper le micro d’utilisateurs malveillants.

Avant l’enquête de la France, le mois dernier, en février, le régulateur des données de Hambourg (Allemagne) avait demandé aux fondateurs de l’application Clubhouse des informations sur la manière dont ils protègent la vie privée des utilisateurs européens et de leurs contacts.

Le régulateur estime que Clubhouse lit automatiquement les carnets d’adresses des utilisateurs et stocke les données aux États-Unis.

« Les fournisseurs offrant des services aux utilisateurs européens doivent respecter leurs droits à des informations transparentes, le droit d’accès, le droit à l’effacement et le droit d’opposition. En même temps, il y a une obligation de garantir des mesures techniques et organisationnelles pour protéger les données. L’application Clubhouse suscite actuellement quelques doutes à ce sujet. L’autorité de protection des données de Hambourg s’est donc coordonnée avec les autres autorités de contrôle allemandes et a envoyé un catalogue de questions aux opérateurs en Californie pour vérifier le respect de la législation européenne en matière de protection des données », a déclaré l’autorité de protection des données de Hambourg dans un communiqué de presse.

Johannes Caspar, commissaire hambourgeois à la protection des données et à la liberté d’information, déclare dans un communiqué : « Malheureusement, il arrive régulièrement que des fournisseurs américains pénètrent sur le marché européen ou réussissent tout simplement avec leurs produits et services dans l’UE sans respecter les exigences les plus fondamentales du marché numérique européen en matière de protection des données. Ici, il est important d’indiquer très tôt quelles règles s’appliquent sur le terrain de jeu de l’Europe et de les faire respecter. »

« Il est dans l’intérêt de tous les utilisateurs européens de pouvoir utiliser des services qui ne violent pas leurs propres droits ou ceux d’autrui et qui ne s’ouvrent pas aux principes de la protection de la vie privée seulement après des années de renforcement des liens avec les utilisateurs en Europe », ajoute-t-il.

Réforme politique, racisme, droits des transsexuels : l’application audio Clubhouse a déclenché des débats débridés sur des sujets jugés dangereusement sensibles en Arabie saoudite, mais les craintes liées à la surveillance ont effrayé les utilisateurs de cet État autoritaire. Interdite par la censure en Chine, cette application sur invitation seulement gagne du terrain dans certaines régions du Golfe, suscitant des conversations audacieuses dans des pays connus pour limiter la liberté d’expression.

Les plus provocantes semblent se dérouler dans des salons de discussion axés sur l’Arabie saoudite, où les trolls nationalistes et la répression gouvernementale des critiques en ligne ont largement étouffé le débat sur d’autres plateformes.

La popularité de l’application est telle que certains utilisateurs du royaume proposent de vendre des invitations à Clubhouse sur Twitter, soulignant un appétit réprimé pour le débat et la discussion malgré la crainte de la surveillance. « Clubhouse est florissant parce qu’il y a une pléthore d’intellectuels saoudiens intéressés par le débat de multiples sujets qui pourraient être considérés comme tabous ou censurés dans l’espace public », a déclaré à l’AFP Amani al-Ahmadi, un activiste saoudien basé aux États-Unis.

Mais après qu’Amani al-Ahmadi ait récemment organisé un chat sur le « racisme en Arabie saoudite », Twitter a été inondé de captures d’écran et de vidéos révélant l’identité et les opinions des participants, ainsi que des théories de conspiration sur leurs motivations.



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