Les banques centrales jouent à faire peur

02 novembre 2021

César Pérez Ruiz

Selon les chiffres publiés la semaine dernière, le PIB américain a progressé moins vite que prévu au troisième trimestre. Parallèlement, les prix ont augmenté plus fortement que prévu et l’indice du coût de l’emploi américain a enregistré sa plus forte hausse depuis 31 ans. L’accélération de l’inflation globale est due à une hausse des salaires d’une ampleur que l’on n’avait plus vue depuis 1982 : +1,5% au troisième trimestre. Il faudrait désormais des gains de productivité importants pour compenser cette hausse des salaires. En l’absence de gains de productivité et/ou de baisse du coût du travail, il se pourrait que contrairement à ce qu’affirme la Fed, les pressions inflationnistes ne soient pas que « temporaires ».

Il est fort probable que la Réserve fédérale annoncera une réduction de son programme d’assouplissement quantitatif à l’issue de sa réunion qui aura lieu cette semaine. Dans le même temps, Christine Lagarde a réfuté le scénario de la hausse des taux attendu par le marché. La Banque centrale européenne devrait donc reconduire ses taux à l’identique. Pourtant, les marchés commencent à tester la détermination des banques centrales sur ce front. La semaine dernière, le taux souverain australien a largement dépassé le taux cible après que la banque centrale australienne a refusé de le défendre. « Nous sous-pondérons les obligations souveraines. » De son côté, la banque centrale du Brésil a pris les marchés de court en rehaussant de 150 points de base (pb) son taux directeur, afin de lutter contre l’inflation. L’intervention n’a toutefois pas permis de stabiliser le real brésilien. « Nous préférons les actions des pays développés à celles des marchés émergents. »

Alors que la saison des résultats du troisième trimestre bat son plein, certaines annonces très positives (dont des rachats d’actions de grande ampleur) ont soutenu les marchés. Les grandes entreprises technologiques ont toutefois publié des résultats contrastés et les sociétés exposées aux pénuries de main-d’œuvre et de semi-conducteurs ont sous-performé. En conséquence, les bénéfices par action, supérieurs aux attentes, ont toutefois légèrement reculé par rapport à la semaine dernière, révélant un léger fléchissement des révisions à la hausse. Si l’on exclut les valeurs financières, les résultats du troisième trimestre sont encore moins réjouissants, comme en atteste la stagnation des marges. « Nous affichons un positionnement neutre sur les actions. »

Joe Biden peine à obtenir l’accord du Congrès pour son plan budgétaire, dont le montant a déjà été réduit de moitié, à USD 1750 milliards. Jusqu’à présent, l’idée est de financer le plan au moyen d’un impôt sur la fortune et d’un taux d’imposition de 15% minimum sur les sociétés. La probabilité d’une hausse de l’impôt sur les sociétés en 2022 semble donc de plus en plus faible, ce qui pourrait donner lieu à de bonnes surprises concernant la croissance des bénéfices des entreprises en 2022. Au Japon, le parti libéral-démocrate au pouvoir a remporté les élections législatives et le nouveau Premier ministre Fumio Kishida a obtenu une majorité suffisante pour poursuivre ses mesures d’expansionnisme budgétaire. Nous tablons sur une hausse des actions nippones. L’espoire est que les chefs de pays qui se réuniront à l’occasion de la COP26 à Glasgow prendront des engagements concrets pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et limiter le réchauffement climatique mondial à 1,5°C.

César Pérez Ruiz, Directeur des investissements Pictet Wealth Management



Laissez une réponse

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués *